mardi 31 mars 2015

OCTANE - Eponyme


Un dimanche matin parmi tant d'autres. Dehors, il fait environ 5°C, il pleut et la journée s'annonce bien triste. Personne à contacter pour aller boire un bon cappuccino et je commence doucement à déprimer en regardant par la fenêtre. Du coup, je me décide à ouvrir le CD que m'a offert la veille un ami musicien.
Le groupe s'appelle Octane, est originaire de Laval et vient tout juste de sortir un nouvel EP. Et là, en trois morceaux : miracle ! La pluie me parait moins froide et le thermomètre a l'air de remonter de quelques degrés.
Principal composé de l'essence, l'Octane est la molécule de référence de combustion des moteurs. Serait-ce l'unique explication à ce changement de température ? Pas seulement !
Dans un genre pourtant fortement emprunté, les mayennais se payent le luxe de nous délivrer trois bons titres placés sous le signe de la haute tension et qui font preuve d'une belle homogénéité. Enrobée d'une prise de son chaleureuse et puissante, sans que celle-ci ne vienne étouffer une authenticité bienvenue, la musique que nous propose ici le combo est celle que l'on aime.
Binaire, énergique, efficace...voici quelques-uns des adjectifs qui peuvent être retenus parmi les nombreux qui découlent des écoutes successives. Sans pour autant révolutionner le style, ils ne se privent cependant pas de nous ravir les tympans d'une manière lourde et nostalgique mais sans être obligatoirement passéiste. Dans ces conditions, il me parait bien difficile de ne pas se laisser emporter par l'enthousiasme procuré par ce disque.
Chaque titre mérite une attention toute particulière, aussi bien au niveau de l'habillage sonore que du groove qui s'en dégage. Les riffs sont velus et les refrains accrocheurs même s'ils ne sont pas immédiatement mémorisables. La rythmique est épaisse comme il se doit, l'ambiance caniculaire et la voix féminine apporte le petit plus que d'autres formations un peu trop bourrines ne possèdent pas.
Ce hard rock carré et simple porté par un chant vaguement éraillé n'est jamais racoleur même si tout cela manque peut-être parfois d'envergure. Le talent est là, tout comme l'envie, et on ne peut qu'encourager cette formation à persévérer et à élargir son champ d'action.  

 
http://groupeoctane.wix.com/octane#!music/c10tw

mardi 24 mars 2015

WIZZÖ - Real Hot Stuff


Pour ce qui est de la succession d'AC/DC, il est évident qu'avec Airbourne, on a tiré le gros lot. Quant à savoir s'il doit être ici question d'inspiration ou de plagiat, se risquer à en parler serait verser inévitablement vers un débat houleux et stérile. Quoiqu'il en soit, Airbourne fait du AC/DC et Wizzö fait du Airbourne (et on pense également à ZZ Top ou bien les Guns N' Roses).
Evacuons immédiatement le débat consistant à savoir si Wizzö est un simple clone (ou bien une copie carbone) pour la simple et bonne raison que l'on s'en fout royalement. Lorsque l'on est un fan de hard rock, ce n'est pas pour se torturer les neurones, mais pour passer un bon moment à solliciter ses articulations, le tout en musique et sans renverser sa bière. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec ce Real Hot Stuff, Wizzö rempli sa mission et si l'influence de la O' Keefe corporation est évidente, le son et les compositions sont à la hauteur.
Alors certes, peut-être qu'intellectualiser cette approche revient à passer à côté de leurs intentions mais le fait est indéniable, mais encore faut il bien le faire ! Le quintet ne revendique rien et assume tout, sans se prendre la tête et avec fougue. Aussi à l'aise dans leurs racines que dans leur époque, ils marient les deux avec une certaine réussite et cette aventure, ils ont décidé de la vivre ensemble et d'aborder des sujets hautement philosophiques que sont  l'alcool, les bagnoles et les femmes.
Soyons clair, les morceaux ne sont pas très originaux et beaucoup d'entre eux rappellent le bush australien, mais le tout fonctionne et l'envie de bouger ne vous quittera plus. Ils nous offrent ici un véritable panel de chaque facette de leur identité, se faisant léger et entrainant parfois ou bien négligé et limite roots. Tout ceci est parfaitement huilé et ne nous laisse que le plaisir de profiter d'une musique simple, efficace et bien carrossé.
En fait, le message principal de cet album est de ne pas se poser de questions et de se laisser prendre au jeu. S'il est donc impossible de résister à l'enthousiasme communicatif des parisiens, il reste tout de même un goût d'inachevé tant le potentiel de Wizzö semble pouvoir prendre une envergure supplémentaire et qu'ils ont sans doute un médiator d'avance sur certains. 
Nous attendons donc le prochain album avec impatience et si on prend également en compte un potentiel live de tout premier ordre, vous imaginez bien que nous ferons preuve de moins d'indulgence la prochaine fois.    

http://wizzo.org/

 

vendredi 20 mars 2015

SHUFFLE - Upon The Hill


Upon The Hill est un étonnant mélange de pop rock fusion avec des touches progressives auquel on rajoute d'autres sonorités toutes plus décalées les unes que les autres. Les mélodies sont plaisantes, les guitares sont électriques, cristallines et le chant est rythmé. Des éléments qui ne révolutionnent rien mais qui prouve que Shuffle tente des choses sans pour autant modifier leur approche fondamentale de la musique.
Le côté rock est abordé de manière classique, supporté par une ligne de guitare toujours dans le ton et une basse qui ne joue pas à cache-cache avec les autres instruments. Voué sans doute à déstabiliser l'auditoire, le groupe s'enfonce dans une musique bourrée d'influences et qui ne laisse que très peu de place à l'improvisation.
A cheval entre plusieurs styles et sans pour autant n'être qu'une pâle copie, les membres de Shuffle ont su apporter leur propre touche pour une musique sincère qui ne manquera pas de vous filer quelques frissons émotionnels au passage.
Pour autant, malgré les premières apparences très trompeuses des premières pistes, la direction dans laquelle le groupe veut orienter sa barque peine à se dessiner et oscille entre de nombreuses atmosphères, nuances et états d'esprits. L'album surprend dans son enchainement d'ambiances trop variées. Leur musique est riche, travaillée mais un peu trop luxueuse et sans fil conducteur. Difficile dans ces conditions de se faire un avis définitif et il manque selon moi un élément déclencheur.
On regrettera aussi parfois une mise en retrait un peu trop prononcée de la batterie, où cet instrument se perd facilement sur une composition calme et posée. Il s'agit d'un parti pris mais selon moi, celle-ci est légèrement sous mixé et aurait mérité un traitement un peu moins fantomatique. Ils poursuivent malgré tout leur effort jusqu'à la fin nous offrant des morceaux de bonne facture.
Ne souffrant d'aucun défaut majeur, je ne peux m'empêcher de penser que cette formation a vraiment du talent et qu'elle se cherche encore. Shuffle est un peu, et à sa manière, comme une équipe de ligue 1 en début de saison : forte sur le papier, chacun essayant de tirer profit de son potentiel, mais en pratique, et après quelques semaines, elle ne joue toujours pas à son meilleur niveau. Une véritable entité touche à tout qui ne devrait pas tarder à éclore et si la bande évolue dans le futur, elle n'entamera sans doute pas la construction de son avenir.    


samedi 14 mars 2015

THE ANSWER - Raise A Little Hell


Le retour du vieux son analogique (Rival Sons, Blues Pills...) et le revival australien (Wolfmother, Electric Mary...) ont rassuré bien des adeptes de hard rock à l'ancienne et le courant continue de nous offrir de jolies perles...Mais ne tournons pas autour du pot : Raise A Little Hell la dernière galette de The Answer est issu du même métal précieux que les chefs d'œuvre forgés en leur temps par Led Zeppelin, The Doors, Cream...et autres monstres sacrés du genre.
Après avoir frappés très fort à la porte du panthéon du rock en 2013 avec New Horizon, ils y font cette fois-ci une entrée fracassante par la grâce d'un disque dont la puissance doit autant à la voix mi ange, mi démon de Cormac Neeson qu'au groove diabolique distillé par le reste du groupe.
Nous avons le droit ici à une démonstration pure et simple de la part du chanteur (L'ombre de Robert Plant plane toujours avec bienveillance). L'animal parvient à moduler sa voix de façon déconcertante, à l'aise aussi bien lorsqu'il s'agit de s'arracher les tripes en poussant les notes que sur des passages moins démonstratifs. 
Si la comparaison avec Led Zeppelin semble toujours inévitable, ils réussissent malgré tout à imposer un style beaucoup plus personnel que sur leur précédente livraison. Le combo en pleine progression lâche des singles comme si il en pleuvait, et si certains titres flirtent avec l'appel des ondes des stations de radio américaines, ce n'est que pour mieux nous attirer et nous mettre ensuite une claque derrière la nuque, tant ce nouvel opus est l'incarnation quasi parfaite de l'album de rock par excellence.
Non content de rendre un hommage à leurs ainés, les irlandais disposent d'un son unique et reconnaissable entre mille. Rugueux, bluesy à souhait avec parfois quelques accents stoner, plus musclé et mieux produit, Raise A Little Hell est la parfaite illustration du disque enregistré par des musiciens amoureux du son old school mais dont la fougue permet d'offrir une réelle dynamique à des compositions puissantes et rock & roll. Ils maitrisent parfaitement leur sujet, surprenant l'auditeur convaincu d'écouter un vieux disque de hard rock sans réellement comprendre comment ce dernier fait pour sonner de manière aussi moderne.
Un pied dans les seventies, l'autre dans les années deux mille, des mélodies accrocheuses et des influences vintage digérées avec une facilité toute britannique, ces hors la loi se sont affirmés en l'espace de quelques années, comme des acteurs majeurs de la scène internationale.
Un disque immense, d'ores et déjà un des albums de l'année et un classique pour celles à venir.

www.theanswer.ie

dimanche 8 mars 2015

RED IS DEAD - Eponyme


Tu aimes les guitares musclées et nonchalantes ? Les cordes vocales nettoyées au papier de verre ? Les basses lourdes et les toms méchamment martelés ? Les gars de Red Is Dead ont entendu tes prières et dans leur extrême bonté ont décidé de sortir l'artillerie lourde et de partir en guerre contre les mélodies mielleuses et le musicalement correct
 
Ici pas de prise de tête, le mot d'ordre semble avoir été de se faire plaisir avant tout. Les titres s'enchainent tambour battant menés par des riffs dont l'épaisseur n'aura d'égale que l'efficacité. D'un stoner prédominant sur la plupart des morceaux, s'afficheront sporadiquement des relents de southern rock. Du stoner à la sauce sudiste pour être plus clair.
 
Les musiciens qui ne renient visiblement par leurs influences auront vite fait d'arrondir les angles en apportant aux rythmes endiablés des ambiances de lendemain de cuite. La structure des titres reste cependant la même mais la formule, malgré un peu d'indiscipline dans la voix, fonctionne bien avec quelques bons passages bien graisseux.
 
Avec cet EP, Red Is Dead ne réinvente rien (et ils n'en avaient d'ailleurs nullement la prétention) et le quatuor se contente de faire un bon disque joué par une bande de potes motivée par la musique. Il est aussi permis de prendre cette rondelle pour ce qu'elle est, un robuste bloc de plomb trempé dans le béton.
 
Cinq compositions qui méritent donc une certaine attention tant elles contiennent de quoi faire le bonheur des amateurs de stoner velu qui sent le houblon. Inutile de préciser que le tout s'écoute le mieux la tête embrumée de boissons fortement alcoolisées. Stay Drunk !  

BELVIL - Eponyme


Le rock, ce n'est pas seulement de la rage, des riffs, des hurlements, des mélodies et des textes, c'est avant tout une émotion. Quelque chose qui fait vibrer et qui nous enveloppe totalement. En mouvement constant vers une certaine perfection sonore, ces musiciens ayant passé chacun avec leurs différents groupes des heures incalculables sur la route et dans les studios l'ont bien compris.
 
Ils explorent désormais un univers tout en finesse, alternant rythmique imposante, instants suspendus et ambiances électro planantes. La première écoute pour qu'elle soit pleinement entendue, ne doit avoir pour finalité qu'elle même. Une fois que l'on a compris où veut nous emmener le groupe, on peut retourner à sa vie ordinaire. Mais durant ces cinq titres, on aura d'abord eu l'impression d'être enlevé dans un lieu difficilement localisable. C'est un voyage auquel nous sommes invités, un voyage qui cherche à nous perdre, à nous égarer.
 
La sobriété d'interprétation et de composition est tendue vers l'obtention d'un climat bien précis. Une marque de fabrique qui leur permet de plaquer sur des ambiances ciselées, des riffs incisifs, précis qui contrastent et mettent le propos en relief. Pour que le procédé soit efficace, la production se doit d'être infaillible, et en ce domaine, Francis Caste n'a plus rien à prouver. Chacun des éléments apportés par les musiciens est ainsi superbement mis en valeur.
 
A Signaler au passage le travail du batteur Medhi Thepegnier qui prouve que taper sur ses fûts n'est pas obligatoirement une affaire de gros bras et que l'on peut avoir une batterie omniprésente sans pour autant alourdir l'ensemble. Une œuvre collective donc où seule la musique compte. 
 
Le résultat ? Un album abouti, méticuleux et débarrassé d'une pression réductrice que véhicule certains esthètes de la rock attitude. C'est cohérent dans la thématique et difficilement comparable ou critiquable. Le mieux à faire reste encore de l'écouter et de ne pas le faire en arrière fond au risque de perdre certaines subtilités.


samedi 7 mars 2015

DYSILENCIA - Ceux Qui Marchent Debout


Qu'on le veuille ou non, le rock n'est pas de la pop. La dernière cérémonie des Victoires de la musique nous a prouvé que certain(e)s utilisaient le terme ROCK pour tout et n'importe quoi ! Définir la différence est toujours une affaire délicate, alors examinons le rock de Dysilencia : c'est brut, compact, avec des riffs tantôt lourds, tantôt tranchants et une attitude rebelle à contre courant. Mêlés à une section rythmique énergique, de bonnes bases musicales se construisent.

Leur album réunit cinq titres en français qui ont de la tenue et ce petit quelque chose en plus qui fait dresser l'oreille : conjonction d'une voix assurée et agréable, de textes bien ficelés et d'une assise instrumentale impeccable qui évoque toute une tradition sans jamais en être prisonnier.

Si la formation délaisse parfois la distorsion, ce n'est pas pour autant que l'intensité fait défaut et le chant en français empreint à la fois d'une certaine conscience sociale et d'une rage communicative dégage une chaleur qui se diffuse dans tout le corps. Les mots de l'humain s'entremêlent avec ceux de l'instrument pour former une seule langue, celle de la musique.

Quant au traitement des guitares et des basses, il aurait pu selon moi être un poil plus agressif sur certains titres, mais cela ne gâche en rien l'écoute. Et même si le ton de l'album reste résolument identique, il y a quelques éclaircies qui rendent ces cinq titres équilibrés et digestes.

Naviguant avec une grande aisance, Dysilencia semble avoir trouver le bon chemin pour marquer l'auditeur et on observe un réel souci de la mélodie. Cet EP est un apéritif dont on sort affamé, car beaucoup trop court. En espérant que le groupe à l'avenir mette les petits plats dans les grands et qu'il sache trouver les bons éléments pour se renouveler avec le temps. Si l'efficacité est une excellente chose, n'oublions pas qu'il ne faut jamais se reposer sur ses acquis. Allez bonjour chez vous, kenavo !


vendredi 6 mars 2015

[Interview] CELINE LACROIX (Sainte Ombre)


Daily Rock France : Pour commencer, peux-tu nous présenter Sainte Ombre ?

Céline Lacroix : Sainte Ombre est le groupe Metal dans lequel je chante et qui existe depuis fin 2007. Nous avons sorti deux albums Contes et Châtiments en 2010 et Cornelia en 2013.
 
Daily Rock France : Comment définirais-tu le son que vous proposez ?
 
Céline Lacroix : Ce n'est jamais facile de mettre une étiquette mais on nous classe souvent dans le Heavy mélodique. La facilité nous tend à nous ranger dans la catégorie Female voice mais les chroniques soulignent toujours le fait que l'on soit un groupe de Rock à chant féminin; Cela semble pareil mais en fait, ça change tout ! Nous n'avons pas essayé de rentrer dans telle ou telle catégorie mais on a voulu mettre dans notre son les influences qui nous plaisaient. David, le compositeur et guitariste du groupe est très influencé par les vieux groupes comme Deep Purple et adore le son d'AC/DC. Il aime également les musiques de film et c'est ce mélange que l'on peut retrouver.
 
Daily Rock France : Ta voix s'intègre parfaitement à la musique, Est-ce que c'est quelque chose que tu as travaillé ou qui s'est fait naturellement ?

Céline Lacroix : Les 2 !!! En fait sur la première démo que l'on a fait, j'étais le maillon faible du groupe. Je chante depuis très longtemps dans des orchestres de variétés (je suis intermittente depuis 1997) mais Sainte Ombre est mon premier groupe de Metal. Ma voix restait trop propre sur les premières compositions et je manquais de grain. J'ai eu beaucoup de critiques à ce niveau là. Lorsque l'on a chanté beaucoup de reprises, le plus difficile est de garder une vraie personnalité. Et au final, ma voix était un mélange de beaucoup de chanteuses. J'ai beaucoup travaillé pour acquérir de la puissance, en gardant un timbre clair et enfin trouver ma propre personnalité. Je suis aujourd'hui assez contente du résultat, même si il y a encore des choses que j'aimerais améliorer. Il faut toujours se remettre en question pour avancer.    
 
Daily Rock France : Au delà de tes lignes de chant, quelle est ton implication au sein du groupe ?
 
Céline Lacroix : J'écris également les textes. Quand tu joues dans un groupe Metal en France, tu es tout seul, et tu dois t'occuper de toute la communication, chercher des concerts...j'essaye donc de faire ma part !
 
Daily Rock France : Tu as travaillé avec Renaud Hantson et Satan Jokers sur leur dernier album Sex Opéra, peux-tu nous décrire cette collaboration ?

Céline Lacroix : J'ai rencontré Renaud avec Satan Jokers lors d'un concert à Nantes. Je l'avais en contact sur Facebook. Il a vu notre premier clip et il a aimé. Du coup, il nous a convié au Furious Fest qu'il organise chaque année. Quand il a parlé du projet Sex Opéra sur son Facebook et dit qu'il avait un souci avec une chanteuse, je lui ai proposé mes services. J'avais vraiment envie de le faire et j'ai fais un essai qui n'allait pas. Là du coup, je ne correspondais pas à ce qu'il recherchait. Il lui fallait une voix cassée, rauque. Mais je lui ai quand même vendu le truc puis on a bossé ensemble et ça l'a fait ! Il m'a fait gueuler comme jamais je n'avais gueuler sur mes albums pour reprendre ses mots. Je suis vraiment satisfaite de cette collaboration car cela m'a permis de bosser ma voix encore différemment et de faire partie d'un projet vraiment très bon. C'était cool de bosser avec Renaud car c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup. D'ailleurs, si il m'écoute, c'est quand il veut pour une nouvelle collaboration artistique (rires). 
 
Daily Rock France : As-tu d'autres façons de t'exprimer artistiquement que la musique ?
 
Céline Lacroix : Je fais de la pâtisserie !
 
Daily Rock France : A ton avis, comment trouver sa place dans un groupe lorsque l'on est une femme ? Quelle est ton expérience personnelle sur ce sujet ?

Céline Lacroix : Tu commences par boire une bière avec les musiciens (rires). C'est vrai que cela peut aider à s'intégrer ! Et si tu fais ton boulot, ça se passe normalement assez bien. Il faut aussi faire avec les blagues machos, en dessous de la ceinture. C'est sur que si tu es dans un groupe juste pour faire tourner tes cheveux et montrer ton dernier corset, ça risque d'être compliqué (rires). En fait, je n'ai jamais eu de souci et je pense même qu'il est plus simple de rentrer dans un groupe de mecs plutôt que dans un groupe exclusivement féminin.
 
Daily Rock France : Quelle est la chanteuse tout style confondu avec qui tu aimerais chanter ?
 
Céline Lacroix : Aretha Franklin ! Sinon dans le Metal, j'avoue que je rêve beaucoup plus de chanter avec des mecs comme Bruce Dickinson, André Matos ou Tobias Sammet que n'importe quelle autre chanteuse. Ils font plus parti de mes influences au niveau chant.
 
Daily Rock France : Pour finir, quels sont les projets de Sainte Ombre pour les mois à venir ?
 
Céline Lacroix : Cornélia est sorti fin 2013 et nous travaillons sur le troisième album. Nous sommes aussi à la recherche d'un nouveau batteur.

www.sainteombre.com

mercredi 4 mars 2015

HOLDING SAND - A Life Worth Memoirs


A Life Worth Memoirs ne sera sans doute pas le truc le plus original que vous allez écouter mais il se dégage de cet album une ambiance mélancolique, pesante et une intensité qui va vous coller au fond de votre siège. Le quintet originaire de Tours évolue dans un registre rock / post hardcore où les accalmies et les envolées mélodiques ont leurs places mais toujours avec une colère latente et un changement de direction qui peut éclater inopinément.

Dans l'absolu, pas grand chose de neuf ici mais pour peu que vous ne soyez pas imperméable à ce style, se laisser entrainer au fond des abîmes se révèlera être une expérience des plus agréables. Holding Sand se présente donc en terrain connu si l'on excepte le concept coupé en trois actes qui nous relate la vie, la maladie et la mort du personnage principal. D'une manière générale, la progression est cohérente, évite le titre par titre et le résultat est sans appel : Le tout est parfaitement exécuté, très bien écrit et forme un ensemble compact et très personnel qui n'arbore en aucun cas un aspect répétitif ! 

Produisant respectivement pointes délicates et saturations abrasives, les guitares se complètent à merveille dans un jeu varié dont la vitesse d'interprétation va crescendo. Les compositions n'en sont pas moins réussies, passant de la noirceur comateuse à une explosion céleste. Parés d'atouts et sans rien inventer, ils réussissent à nous agripper et ne nous lâche qu'après les toutes dernières notes.

Un opus de qualité, un artwork soigné pour un groupe exigeant, intègre et prêt à repousser si il le faut les limites de leur propre musique. Personnellement, j'ai été touché de plein fouet par une certaine sensibilité qui constitue le véritable fil rouge de l'album et qui lui assure une excellente homogénéité et une grande maturité.


dimanche 1 mars 2015

MARTINS - Eponyme


La France n'est pas rock parait-il ! A qui jeter la pierre ? A notre culture nationale trop pantouflarde et conservatrice ? Aux majors qui ont sans doute refusé de promouvoir des centaines de groupes se pressant à leurs portes ? Aux groupes eux mêmes, de qualité trop moyenne pour intéresser qui que ce soit ? Difficile de se prononcer mais une chose est sûre, certaines formations s'en donnent à cœur joie pour changer les mentalités. Et malgré une absence flagrante de visibilité, elles continuent à avancer tête haute et nous sortent des albums dignes de ce nom.

Dans cet opus foisonnant de discrètes références, les toulonnais nous "draguent" avec des arguments qui n'appartiennent qu'à eux. Flirtant parfois avec le Stoner (Funny Bunny et The Only One)), le Blues (Sister), le Rockabilly (Shake) ou le Folk (Alone), Martins reste Rock en toute circonstance. Une envie sans retenue et contagieuse dont on retiendra immédiatement Everybody Love Us qui ouvre magnifiquement le bal. On touche en fait ici à une ambiguïté fondamentale : d'un côté le Rock primaire et primitif, et de l'autre les prétentions de l'Art Rock. Les gars savent que trop réfléchir quand on fait du Rock ne mène à rien...Les sudistes ne sont pas des Enfoirés et ne sont pas là pour nous donner une leçon. Ici, tout est basique séparément mais comme souvent, c'est la superposition de tous les éléments qui fait la différence. Martins, c'est la classe ouvrière qui martèle son quotidien. Même dans le suggestif, on y croit dur comme fer. Mathématiquement ça fonctionne et au niveau sonore, la prise de distance avec les origines se fait sentir. On les remerciera quand même au passage d'avoir écouter les Stooges, les Velvet Underground ou les MC5.

Outre le plaisir évident à écouter cet album, j'y ai trouvé quelques avantages collatéraux et le ton est contrebalancé par un tonus incroyable et exploité à son maximum. Soufflant à la fois le chaud et le froid et sans renier totalement de nombreux élans stoogiens, ils insufflent à leurs chansons une pêche communicative et parviennent à transmettre sur simple écoute une énergie bestiale. Toute la force de ce disque réside dans un parfait équilibre entre précision rythmique et spontanéité fougueuse. Huit titres qui ont des tripes, du feeling et qui gardent malgré tout une certaine authenticité. Au fil des écoutes, on se rend compte de ce que l'on a entre les mains et l'addiction n'est pas loin. Un conseil, ne vous prenez pas trop la tête et ouvrez grand vos oreilles. Gros coup de cœur !   

www.martinstheband.com

SEVENTH VOID - Heaven Is Gone (Album culte / Daily Rock Suisse)


Le départ vers d'autres cieux le 14 avril 2010 du fantasque et charismatique Peter Steele aura laissé un nombre incalculable de fans sur le carreau, qui n'ont sans doute pas apprécié une nouvelle facétie de celui que l'on surnommait le "Géant vert". Lâchés sur le bord de la route, Kenny Hickey et John Kelly, respectivement guitariste et batteur de Type O Negative décident de rebondir malgré le départ prématuré de leur leader.

En gestation depuis 2005, Seventh Void nous offre suite à ce malheureux évènement, leur première carte de visite avec ce Heaven is Gone sorti en Europe au mois de novembre 2010. Ce qui ne devait être qu'un side-project est devenu du coup une priorité. Hank Bell à la basse (ex Inhuman) et Matt Brown à la guitare (ex Uranium 235) complétant à merveille le line up, le quatuor new-yorkais se met au boulot et tape fort d'entrée avec cette production qui met superbement en valeur les intentions atypiques du groupe.

Autant vous le dire, les gars sont doués et dès les premières notes, ils nous font comprendre que l'ensemble du disque s'appuiera sur des bases solides. Le son est mastoque et pesant à souhait. La complémentarité entre eux est impressionnante et l'unité au sein du groupe est palpable. L'identité musicale du combo est à la hauteur de sa réputation et chaque chanson mérite une attention toute particulière.

A mille lieux des œuvres phonographiques formatées et aseptisées, les thématiques sombres et les riffs lourds vous feront penser parfois à Black Sabbath et le chant aux intonations évoquant le Alice In Chains de Dirt vous feront dresser les poils comme jamais. Le timbre de voix de Kenny Hickey, qui n'est pas sans nous rappeler celui de Layne Staley (décédé d'une overdose en 2002) est assez troublant. La comparaison est assez flatteuse car cette similitude arrive à nous rendre nostalgiques des années durant lesquelles Alice In Chains connaissait encore sa formation initiale. Les guitares alternent mélodies Rock, touches Grunge, sonorités Doom et qualitativement, plusieurs moments sont déterminants. Les références sont illustres, la distorsion bien grasse et la mise en place est irréprochable. 

Dans la douleur, Seventh Void accouche de dix titres puissants et soignés, fruit de la réflexion musicale de nos dignes héritiers de Type O Negative, et que ce soit au niveau des émotions qu'il dégage, de ses rythmes alternatifs ou encore de l'ambiance générale qui émane de cette galette, Heaven Is Gone a tout pour plaire. Ici, rien de dispensable et tout transpire la sincérité. Et comme une évidente conclusion, Last Walk In The Light ferme la marche (funèbre ?) de cet album en rendant un hommage appuyé à Peter Steele, autre fantôme invité d'honneur. 

Alors que les stéréotypes semblent dicter artistiquement certains groupes désormais, il me parait important de se pencher sur ce mélange hybride. L'occasion sans doute pour certains de retrouver spirituellement un défunt et de pouvoir à nouveau échanger avec lui en musique. Comme si la mort n'était qu'une étape dans notre parcours spatio-temporel. A découvrir d'urgence ! [Arno Jaffré]

http://youtu.be/nrgNtSGYMiE