mercredi 22 juillet 2015

[Interview] JEAN-CHARLES DESGROUX (Bio d'Alice Cooper) - Juillet 2015


Daily Rock France : Le sujet du jour concerne la biographie que tu viens de sortir et qui concerne Alice Cooper. Peux-tu nous la décrire en quelques mots et nous expliquer les raisons qui t'ont poussé à monter ce projet ? 
 
Jean-Charles Desgroux : Pour ce projet, j'ai voulu aborder la biographie traditionnelle sous un nouvel angle. Beaucoup de choses ont déjà été écrites et racontées concernant Alice Cooper, et je ne voulais pas être l'énième type à passer derrière. C'est pourquoi j'ai préféré aborder l'artiste en me focalisant principalement sur sa discographie et sur l'étude de chacun de ses 26 albums studio, ainsi que sur tous les autres documents, lives, DVDs, coffrets, qui ont jalonné sa carrière depuis 50 ans. Bien sur, chacune de ces analyses sont reliées ensemble par une trame biographique, chronologique et narrative conséquente, qui s'apparente bien à une bio, complète et profonde. Mais voilà, plus que les frasques et les légendes urbaines maintes fois étayées, j'ai voulu remettre en avant ce qu'Alice Cooper est à mes yeux : un immense artiste. Il m'a semblé, en repassant en revue tous les écrits déjà disponibles en langue anglaise, que jamais le chanteur n'avait été ainsi justement évalué. Alors insister sur l'alcoolique décadent entouré de serpents et se faisant guillotiner sur scène c'est une chose, mais redécouvrir tous ses disques pour la plupart méconnus m'a semblé être un point de vue aussi inédit qu'intéressant, pour les fans comme pour les néophytes.     

Daily Rock France : A quel moment t'es tu intéressé à cet artiste ?

Jean-Charles Desgroux : Oh, génération oblige, j'avais 14 ans lorsque "Trash" est sorti, en 1989. Cela faisait à peine un an que j'écoutais du hard-rock, et quelques semaines auparavant je découvrais le clip de "He's Back (The Man Behind The Mask)" lors des diffusions de clips metal le mardi soir sur M6. Après, j'achète mon premier magazine de metal, Hard Force, et c'est Alice qui est en couverture pour la promo de "Trash".  Je suis instantanément séduit et décide de découvrir petit à petit l'immense carrière de ce monstre sacré. Et il y avait de quoi faire !

Daily Rock France : Comment décrirais-tu Alice Cooper à quelqu'un qui ne le connait pas encore ?

Jean-Charles Desgroux : Une légende du rock. Au-delà du père fouettard certes caricatural qui fait depuis des décennies partie du paysage rock et metal, une icône incontournable du genre, il y a un immense artiste protéiforme, qui a su évoluer avec son temps. Du garage-rock de ses années 60 au rock psychédélique West Coast teinté de burlesque et de fantasque, à la définition du hard-rock décadent des années 70 avec le Alice Cooper Group, sa carrière solo grandiloquente, parfois kitsch mais toujours émaillée de chansons extraordinaires, même là où on ne l'attendait pas. Expérimental, post-punk, variété, heavy-metal, indus, glam rock, high energy rock'n'roll...la palette est large, multicolore et répond définitivement du génie : le sien, et celui de tous les grands qui l'ont entouré comme le producteur Bob Ezrin, les guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner, et bien sûr les quatre immenses musiciens du Alice Cooper Group jusqu'en 1974.

Daily Rock France : Tu as déjà écris notamment une biographie sur Ozzy Osbourne, peux-tu nous en parler ?

Jean-Charles Desgroux : Ce fut mon premier livre, en 2007. Une biographie ultra complète et exhaustive, un peu naïve et un peu trop "fan" par manque de maturité et de recul, mais une grande satisfaction, soit la possibilité d'aller jusqu'au bout de ma fascination pour Ozzy, le parachèvement de 18 années de collection, de concerts, d'admiration. J'ai mis toutes mes connaissances et toutes mes tripes dans ce livre encore une fois un peu brut, mais honnête et témoignant d'une rare passion.

Daily Rock France : La biographie que tu aurais rêvé d'écrire si cela n'avait pas été encore fait ?

Jean-Charles Desgroux : Je me nourris de mille biographies, essais, analyses et encyclopédies rock que j'achète principalement en Angleterre ou aux US depuis 25 ans et j'ai deux immenses bibliothèques remplis de super bouquins. Je dois avouer que j'aurai bien aimé être un journaliste gonzo dans les années 70, obtenir la confiance des artistes et avoir carte blanche pour tout écrire en les suivant sur toute une tournée, façon Cameron Crowe, Lester Bangs ou Nick Kent...Allez, pour la forme je dirai l'indispensable "S.T.P. - Stones Touring Party - A Travers l'Amérique avec les Rolling Stones" de Robert Greenfield qui raconte la tournée des Stones en 1972...
 
Daily Rock France : Lorsque l'on est journaliste rock, Est-ce difficile de trouver un éditeur ou bien au contraire, cela facilite les choses ?

Jean-Charles Desgroux : On a toujours ses preuves à faire, mais disons que l'on dispose déjà de quelques cartes de visite, d'une certaine visibilité et d'une expérience qui va pouvoir rassurer un éditeur et faire en sorte qu'il vous fasse confiance. Pour écrire ce livre, je rêvais de signer chez Le Mot Et Le Reste, qui est à mes yeux, et aux yeux de nombreuses personnes, LA référence francophone en terme d'ouvrages musicaux de toutes sortes, tant sur l'éclectisme de leurs sujets, que sur l'incroyable qualité littéraire; c'est vraiment le Gallimard de l'édition musicale. Cela ne s'est pas fait en un claquement de doigts, mais ils m'ont fait confiance. Autant ai-je été très fier et surtout soulagé qu'ils acceptent mon projet, mais je me suis surtout mis une incroyable pression pendant toute l'année qu'a nécessité l'élaboration et l'écriture de ce livre, tant je ne voulais pas les décevoir ! Et surtout me donner tous les moyens d'arriver à la hauteur de mes "prétentions". Cela a parfois été douloureux, intense, mais le résultat est là et j'en suis heureux.

Daily Rock France : Le prochain musicien à passer entre tes griffes ?

Jean-Charles Desgroux : Pour l'instant rien n'est complètement arrêté, mais je plongerai bien dans l'étude des débuts embryonnaires de la scène desert-rock à la fin des années 80, débuts 90, avec Kyuss et consorts. Le "stoner" en général et Kyuss en particulier font partie de mon ADN depuis le milieu des années 90...

Daily Rock France : Pour te connaitre davantage, peux-tu nous faire un résumé de ton parcours ?

Jean-Charles Desgroux : Je suis monté à Paris fin 99, et j'ai trouvé du travail alimentaire. Petit provincial candide, inexpérimenté et sans le moindre réseau, j'ai néanmoins écris un livre sur le hard-rock comme on rédigerait une thèse car je pensais avoir une bonne et large connaissance du "metal", des Who jusqu'à Slipknot. Une fois mon épais manuscrit achevé, je me suis donné le courage d'essayer de le faire paraître, en allant frapper à différentes portes en 2002, radios, éditeurs, journalistes connus, rédactions, etc...Au bout de plusieurs semaines sans succès, la rédaction de Rock Sound m'a ouvert des portes. Autant le livre ne les intéressait pas, autant ils avaient besoin d'un journaliste pigiste spécialisé en metal. Mon premier papier est sorti en juin 2002 ! Chroniques, live-reports, puis interviews alors que je n'en avais jamais conduit de ma vie, j'ai tout appris sur le tas, devant le fait accompli. Après Rock Sound, Pierre Veillet m'a gardé dans son équipe pour X-Rock et surtout pour Rock One, oui je sais, un mag pour ados mais qui m'a vraiment permis de faire mes armes en m'occupant d'une très grosse partie du metal. Je traitais aussi bien du glam que du black, du death ou du classic-rock, et ai pu interviewer des dizaines et des dizaines d'artistes, de Trent Reznor à Zakk Wylde, Abbath ou Satyr, ainsi que bien dix fois Corey Taylor ! Par la suite, en 2007 j'ai intégré l'équipe de Crossroads durant 5 ans, jusqu'à l'arrêt du mag'. Soit une presse plus adulte et très très pointue où j'ai pu écrire de gros articles de fond et retranscrire des interviews dans leur intégralité ! Il y a eu d'autres petites participations dans d'autres mags ci et là, notamment sur la toute fin de Hard'N'Heavy, puis je suis rentré chez Rock&Folk il y a quatre ans, tout en signant Charly chez MyRock et Plugged. Et depuis un an et demi, je collabore avec insistance au site de Hard Force, et ai conduit quelques heureuses interviews pour Metal XS. Voilà pour l'ensemble !

Daily Rock France : Les goûts musicaux de Jean-Charles Desgroux tournent t'ils exclusivement autour du hard rock et du heavy metal ou tu t'autorises à écouter autre chose ?

Jean-Charles Desgroux : Au-delà du metal, je suis définitivement "classic-rock" (d'ailleurs mon magazine de prédilection depuis le N°1 en 1998 !). Je suis un fanatique de rock des années 1965-1975, que ce soit rock psychédélique, rock garage, glam, country-rock, blues-rock, etc...Doors, Floyd, Bowie, Stones, Who, Kinks, Byrds, Creedence Clearwater Revival...tout ça c'est ma came. Mais aussi le rock des pionniers, Elvis, Eddie Cochran, Little Richard, Gene Vincent...Après j'aime aussi le punk, de préférence américain (Stooges, MC5, Ramones, Dead Boys)... Il y a tellement de choses ! Quand tu penses avoir bien cerné un sujet ou une scène comme le metal, et que tu commences à t'intéresser à un autre univers, tu réalises à quel point tu ne sais rien ! Et tu recommences à creuser dans un univers aussi vaste que le précédent, avec toutes les multiples passerelles qui te font aller d'une sphère à l'autre ! C'est aussi fascinant et excitant qu'horriblement frustrant. Oh, j'oubliai aussi le funk psyché : Sly & The Family Stone, Funkadelic...l'indus, le blues, et même le vrai hip-hop comme Ice Cube, Ice-T, Public Enemy, Wu Tang Clan, Cypress Hill, les Beastie Boys...Etc etc !!!!!

Daily Rock France : Ton livre de chevet en ce moment ?

Jean-Charles Desgroux : En ce moment même j'achève la lecture de l'autobiographie de Dennis Dunaway, le bassiste original du Alice Cooper Group !!! Excellente lecture, je recommande ! Et sinon les écrits d'Arnaud Devillard chez Le Mot Et Le Reste, qui raconte ses épopées dans les parcs nationaux américains comme personne ! Je suis fasciné par l'Ouest américain et ses livres prolongent mes voyages annuels là-bas, avec un esprit rock en plus !

Remerciements à Myriam et Jean-Charles Desgroux.
 
 

mercredi 15 juillet 2015

BITERS - Electric Blood


Légèrement déjantés, tatoués et amateurs de boissons alcoolisées, les américains de Biters débarquent avec leur premier album et sont visiblement décidés à nous en faire voir de toutes les couleurs. Leur recette est simple : du rock énergique avec de gros riffs bien percutants.
Malheureusement et comme une boisson énergisante dont la digestion n'est pas évidente pour tout le monde, ils n'arrivent pas à s'éloigner d'une certaine zone de confort et proposent un album composé (inconsciemment sans doute) en mode pilotage automatique.
Electric Blood est bien sympathique à écouter mais ne surprend à aucun moment. Il ne faut cependant pas retirer au groupe son savoir-faire, mais difficile quand même de ne pas se rendre compte que cette galette ne marquera pas les esprits. 
Tout d'abord par l'extrême simplicité de la plupart des titres qui évoquent au mieux les exploits d'un groupe de rock amateur et ensuite par un manque flagrant d'inspiration. L'énergie semble suffisante mais reste cadrée dans les limites d'une certaine nonchalance. Aucune liberté n'est prise par rapport aux structures de base et les riffs sont tout bonnement passe partout.
Quelques chansons sont tout de même intéressantes dans leur élaboration et on peut y déceler un certain bon sens dans l'enchaînement des accords, mais c'est largement insuffisant. Ces quatre garçons se retrouvent confronté aux mêmes problèmes que connaissent la plupart des groupes, celui de ne pas parvenir à se renouveler après avoir plus ou moins fait le tour de la question.
Une première offrande synonyme de léger faux pas, qui n'a bien entendu rien de catastrophique soyons clair mais qui appelle au renouveau à l'avenir.


www.earache.com

lundi 6 juillet 2015

[Live report] HELLFEST OPEN AIR - 10ème édition - 19/20/21 juin 2015

 
Alors que d'autres festivals souffrent d'une routine sclérosante (ou disparaissent l'un après l'autre), le Hellfest est devenu en dix ans le vaisseau amiral des rendez-vous estivaux qui dégoupillent les grenades du Metal le plus incendiaire. Les raisons sont multiples, à commencer par une programmation audacieuse et bigarrée qui n'est pas qu'un simple échange de bons procédés entre gros tourneurs. Disposant d'une enveloppe artistique que beaucoup lui envie, le festival (encore chatouillé cette année par une poignée de catholiques intégristes) a fait main basse ces dernières années sur les plus grosses têtes d'affiche du genre et est arrivé l'année dernière au maximum de sa jauge. Cet évènement que nous avons pris plaisir à voir grandir au fil des ans est une mécanique bien huilée, à tel point que l'on croirait que les infrastructures sont installées à demeure, comme dans un parc d'attractions et l'innovation continue d'avancer tout en plaçant le confort des festivaliers au cœur de ses préoccupations.    

Vendredi 19 Juin
10h30, ce n'est pas un peu tôt pour un wall of death ? Les Breakdust s'en foutent royalement et leur Thrash Death Metal trouve écho auprès des plus bourrins. Les bordelais qui se produisaient l'an dernier au Metal Corner ne se laissent pas impressionner et font honneur à l'écurie Finisterian Dead End qui place là ses premiers poulains sur une Mainstage. Le groupe dont tout le monde parle depuis quelques mois s'appelle Midnight Ghost Train. Les américains distillent un Heavy Rock frelaté au blues et aux influences sudistes qui n'est pas sans me rappeler par moment leurs compatriotes de Kyuss. A la fois massif et délicat, le trio originaire du Kansas pour sa première participation remporte tous les suffrages. "On ne jette pas une ampoule lorsqu'elle éclaire encore"...Sur scène, Vulcain fait de la résistance et démontre à ceux qui ne les connaissent pas encore (comment est ce possible !) ce que le terme Hard Rock signifie. Le trio est en pleine forme, ne se prive pas de nous le faire savoir et c'est tout naturellement que la Digue du Cul retentit à la fin de leur set. Respect ! Du 100% suédois maintenant avec Truckfighters qui comme en 2013 fait le plein sous la Valley. Le combo divertit en live mais peine à convaincre avec une prestation plus anecdotique que la précédente. Avec un John Bush (ex-Anthrax) plus motivé que jamais, Armored Saint rempli haut la main son contrat. Ses musiciens qui possèdent déjà quelques heures de vol ont toujours le feu sacré et nous remplissent les oreilles de Heavy Metal en provenance direct des eighties. Véritable monument du rock U.S, Godsmack et son Metal Alternatif ponctué de phrasé mélodique délivre un show en forme de best-of. Le son atroce en façade gagne en subtilité au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la scène et l'enthousiasme du public me semble disproportionné. A revoir plutôt en salle. Refusant de succomber aux modes d'où qu'elles viennent, les américains de High On Fire perpétuent l'usage d'une musique amplifiée où feeling et virtuosité font bon ménage. C'est propre, carré avec ce grain de folie que l'on attendait absolument à ce moment de la journée. Le qualificatif d'Alternatif ne me semble pas usurpé pour Five Finger Death Punch qui mélange sans ménagement des ingrédients déjà utilisés par le passé. Un set un peu poussif et une légère déception pour votre serviteur qui s'attendait franchement à beaucoup mieux. De l'authentique maintenant avec les anglais de Peter & The Test Tube Babies qui à l'heure du dîner massacrent la Warzone. Ils nous balancent en pleine face leur cocktail éthylique fait d'hymnes teintés classe populaire et de punk rock à haute teneur en sarcasme. Plus de trente ans maintenant que ces vétérans originaires de Brighton nous livrent leur musique insolente, colorée et chargée d'humour typiquement british. Un régal !

Samedi 20 Juin
Maitrisant le stoner avec une approche brute, hardcore et en se focalisant sur le côté sombre, Machete est la preuve vivante que la musique Heavy et agressive dispose encore d'un potentiel illimité. Les vendéens s'imposent en début de matinée de fort belle manière. Le classic rock est de retour depuis quelques années et au-dessus de la mêlée, il y a The Answer. Les irlandais nous proposent du vintage de qualité et leur show explose l'applaudimètre ex-aequo avec les poupées siliconées de Butcher Babies (fracture de l'œil assuré). Cormac Neeson au chant qui ne cesse de titiller les premiers rangs finira par descendre au milieu du public pour un bain de foule amplement mérité. Menant une croisade contre la musique répétitive et sans originalité, le quatuor fait beaucoup plus que convaincre. Chapeau ! Celui que je n'attendais pas à pareille fête s'appelle Ace Frehley. L'ancien membre de Kiss secondé par des musiciens hors pair nous gratifie d'un set haut en couleur et la température monte d'un cran (normal me direz-vous, nous sommes en enfer). Sa voix éraillé colle parfaitement au style pratiqué et il a l'intelligence de laisser humblement un peu de place à son guitariste et à son batteur qui ne se font pas prier bien longtemps. Une belle surprise qui me donnera envie de réécouter avec attention sa dernière livraison "Space Invader" sortie l'année dernière. Les Backyard Babies n'accordent aucun crédit aux courants en vogue préférant suivre leurs inspirations dans une démarche pleine de sincérité. Quarante petites minutes de concert ne vont pas combler cinq ans d'attente mais pour moi qui n'avait jamais eu la chance de les voir, c'est jour de fête et je repars gonflé à bloc pour le reste de la journée. Accros au désir de jouer un grunge sale et teigneux, les californiennes de L7 ne font pas dans la demi mesure et font honneur à leur réputation. L'énergie de tous les instants compense les quelques lacunes techniques et comme pour s'excuser de n'être jamais venue à Clisson, elles nous délivrent une véritable prestation pleine d'énergie. A consommer sans modération ! De longs cheveux noirs et bouclés, un haut de forme et une Gibson à la main, Slash revient fouler les planches du Hellfest. Le guitariste est toujours aussi habile de ses mains et Myles Kennedy au chant est toujours aussi impressionnant. Les tubes interplanétaires s'enchainent et l'heure qui lui est accordée me parait bien courte. Mention spéciale aux anciens morceaux des Guns N' Roses qui remportent un franc succès et qui sont probablement le meilleur moyen de rendre hommage aux racines qui nous réunissent tous. Dès 1995, les britanniques d'Orange Goblin s'essayent au doom psychédélique à grands coups de chevauchées sabbathiennes pour évoluer ensuite vers du Heavy Stoner pur jus. Sous la Valley (bien trop petite pour les accueillir) ils nous offrent un magma de rythmiques lourdes, de précieux riffs fumants et de longues envolées hystériques, le tout en intégrant avec brio des éléments plus personnels (le chant de Ben Ward est juste envoûtant) avec un feeling old school qui leur appartient. Toute résistance est inutile et je succombe direct. Autoproclamé groupe le plus bruyant d'Anvers et de ses environs, les belges de Triggerfinger nous assomment d'un Rock teinté de Pop. Mais attention aux oreilles sensibles, car en concert ce trio méchamment barré (qui me rappelle parfois les Queens Of The Stone Age) hausse le ton et vient tout naturellement enrichir les débats. Connus pour avoir la main légère sur la gâchette, les dandys du rock destroy dégainent sans préavis et nous proposent un show sans concessions. La voix de Ruben Block nous crispe le ventre, la basse de Monsieur Paul bouscule nos gestes et envahie nos cuisses et Mario Goosens nous offre un solo de batterie renversant pendant que ses deux acolytes dérèglent les lumières et se jouent des conventions. Que notre volonté de les revoir au plus vite s'exauce le plus rapidement possible. En un mot : Génial !

Dimanche 21 Juin         
Remplaçant au pied levé Hirax, les finlandais de Lost Society n'y vont pas avec le dos de la cuillère et nous chopent de très bonne heure directement à la gorge. Si les ingrédients propres au Thrash Metal (exécution abrasive, croustillante et super Heavy) font partie de la recette, l'apport technique offre ce petit plus distinctif qui démarque le combo de ses concurrents. Avec un son hors du temps, ils réussissent le pari de ne ressembler à aucun autre groupe. Belle découverte et grosse claque dans la face. Devant l'imposant backdrop représentant un enfant tenant à bout de bras un crâne, se dresse les américains de Red Fang. Avec seulement trois albums au compteur, le groupe bénéficie déjà d'une notoriété enviable, construite sur la base de prestations solides et d'une attitude sincère. Les fans les plus incrédules enlèvent leurs bouchons d'oreille mais la sono claire et puissante est sans pitié. Leur Stoner pour hipster fait mouche encore une fois et les gars originaires de Portland se mettent le public dans la poche sans aucun problème. Depuis leurs débuts dans les années 90, les suédois de Dark Tranquility ont conservé le statut d'un groupe novateur. Capable de délivrer des performances scéniques de haut vol, ils incorporent de la mélodie dans leur Death Metal. Des riffs solides, une atmosphère originale, des vocaux somptueux et surtout un son unique qui se démarque inévitablement, il n'en faut pas beaucoup plus pour passer un excellent moment en leur compagnie. Exodus se distingue des autres formations de par ses structures de guitares incisives et par une technicité ébouriffante. Les américains menés par l'infatigable Gary Holt ne sont pas adeptes des compromis, atomisent la Mainstage 2 et décoiffent au passage plus d'un métalleux. Après trente ans de carrière, ils se surpassent encore une fois et nous donnent une vraie leçon. Une branlée dans les règles ! Alors que certains vont faire des réserves de houblon, je me place direct sous la Valley pour Eyehategod. La musique déversée par les maitres du Sludge semblent ravir l'assistance et les américains nous délivrent un prestation honorable et maitrisée. Au programme : gros son, riffs accrocheurs et énergie débordante. Le public se fait retourner dans tous les sens et en redemande volontiers. Après cinquante minutes d'une lourdeur insistante, ils se retirent sous une belle ovation avec le sentiment du devoir accompli. Direction la Temple maintenant pour y découvrir les écossais d'Alestorm, qui ont décidé de nous abreuver sans plus attendre de leur mélange de Folk/Metal. L'ambiance atteint son paroxysme dès le début du set et les flibustiers savent y faire pour faire bouger le public. Un court instant, j'ai eu l'impression de me retrouver dans un bar de la grandeur d'un stade de football à regarder un groupe qui n'a qu'un seul but : vous distraire à tout prix ! Ce groupe incomparable et unique vaut le détour et mérite l'attention de tous. Belle découverte en ce qui me concerne. Wattie Buchan is not dead...et n'attend pas bien longtemps pour nous le faire savoir. The Exploited emmené par leur charismatique leader déboulent à 100 à l'heure sur la Warzone et nous mettent direct dans le rouge. Aucun répit et les titres s'enchainent tambour battant. Le public venu en masse n'en demandait pas autant en ce dimanche soir et ne se fait pas prier dès que le hurleur écossais leur demande d'envahir la scène. Embouteillage assuré et le set se terminera dans un joyeux bordel au son de Sex & Violence. Fun, provocant et furieusement rock & roll. Putain, ça fait du bien ! Changement de registre ensuite avec In Flames qui va nous enflammer à leur tour en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. L'œuvre des suédois se veut épurée, mélodique et dotée d'un groove non feint. Le quintet explore les frontières du Metal tout en ne s'interdisant pas de lorgner vers des territoires typiquement rock pour exprimer les recoins les plus sombres de sa musique. Redoutablement efficace et encore un groupe que je découvre en live. L'histoire d'amour entre le Hellfest et Phil Anselmo est connu de tous, normal donc de le retrouver encore une fois à Clisson. Après quatre ans de silence, Superjoint Ritual refait surface et autant vous le dire, ils ne sont pas là pour coller des gommettes. Le groupe s'évertue à redéfinir les contours du sludge avec des idées novatrices et des prestations plombées. Le couteau entre les dents et fort d'un groove bestial, ils fédèrent aussi bien les amateurs de Hardcore que les fans de son graisseux et affichent fièrement leurs racines. Le chaos produit est d'une précision chirurgicale et emprunt d'une certaine finesse. 100% honnête et protège-dents obligatoire.

Le festival se termine pour moi sur une note bien brutale et mon ressenti à chaud est d'avoir l'impression d'avoir encore vécu en terre clissonnaise une édition de folie. La programmation, le décor, les améliorations qui facilitent le quotidien des festivaliers, le comportement exemplaire de ceux que l'on appelle les métalleux, un feu d'artifice d'anthologie...tout était parfait. By the fans, for the fans ! Rendez-vous le 17/18/19 juin 2016 pour une onzième édition qu'il ne faudra manquer sous aucun prétexte.