mardi 7 avril 2015

[Interview] FRANCIS ZEGUT - Mars 2015

 
[Bio express] Francis Zégut est un animateur radio. Il entre à RTL en 1976 comme standardiste pour l'émission de Max Meynier Les routiers sont sympas, puis pour Station De Nuit. Il est ensuite assistant de Jean-Bernard Hebey pour Poste Restante. A partir d'août 1980, et ce pendant 10 ans, il anime Wango Tango, la première émission consacrée en France au Hard Rock et devenue culte aujourd'hui. Dans les années 1980, il prend en charge la tranche 20h-24h et devient l'animateur emblématique des soirées RTL (avec notamment des émissions comme Zikmag, Plug In et Zikweb). Il poursuit depuis sa carrière sur RTL2 où il anime Pop-Rock Station (Diffusée de 22h à minuit du lundi au jeudi). Pour la télévision, il a été chroniqueur musical sur Canal + (en 1988) avant de travailler sur MCM de 1989 à 1998 puis sur M6 Music Rock (Focus Rock).  
 
Daily Rock France : Parmi les 61 titres que tu as choisi de mettre sur cette compilation Wango Tango, peux-tu me donner ton top 5 ?
 
Francis Zégut : Ecoute, c'est très difficile ce que tu me demandes. C'est comme si tu me demandais ce que je pensais emporter sur une ile déserte. T'en donner 5, c'est dur...peut-être 3 ! Allez non, 5 (rires). Iron Maiden pour plusieurs raisons...car quand j'ai commencé Wango Tango, j'ai passé du Maiden qui était sur une compilation. Ensuite, lorsqu'on leur a demandé de nous donner un titre, ils ont répondu que si c'était pour moi, il n'y avait aucun problème. Cela veut dire que certains n'ont pas oublié comparer à d'autres. Pour Metallica, c'est à peu près la même chose pour le titre "Jump In The Fire". En fait cela a été un peu différent car nous sommes passés par le manager et nous lui avons dit que dès le début, nous avions passé du Metallica et qu'avec RTL, nous avions enregistré une première partie de Venom à Balard en 1984. Et le manager a voulu absolument écouter ça. J'ai donc envoyé par e-mail un MP3 via Warner et le mec nous a répondu : Vous voulez quel titre ? (rires). Mötley Crüe s'est souvenu aussi que pendant 10 ans, nous avions passé leur musique donc ça s'est fait tout naturellement. Motörhead bien évidemment que je ne peux pas oublier et Thin Lizzy que j'apprécie tout particulièrement depuis longtemps.
 
Daily Rock France : Comment juges-tu l'évolution du Hard Rock depuis ces années Wango Tango ?
 
Francis Zégut : Déjà les glorieuses années pour le style sont entre 1980 et 1990. Nous étions là avec cette émission au bon moment et avec la bonne idée pour arroser l'histoire. Tout est arrivé à cette période avec la presse Metal, quelques trucs qui passaient à la téloche...et ensuite tout s'est formaté. Quand t'écoutes la radio maintenant, globalement, il n'y a plus de guitares électriques. Et si il y en a, elles sont acoustiques et en fond sonore donc on ne les entend pas. Alors qu'avant, les guitares étaient mises en avant. Malgré cela, beaucoup de groupes continuent et c'est super encourageant. Il faudrait que les médias passent de bons morceaux comme les Guns 'N' Roses dans les années 80. A cette époque, cela a embarqué tout le monde...en plus de faire de bons albums, ils sont arrivés au bon moment et au bon endroit. Ils ont vendu des millions d'albums et cela a permis à d'autres groupes comme Poison, Ratt par exemple d'exploser. Et si il n'y avait pas eu tout ce mouvement, il n'y aurait sans doute pas eu le Grunge derrière. Et malheureusement à partir de 1995, tout s'est trop formaté et le Metal avec ses étiquettes sur le dos a été mis de côté. Les médias maintenant n'ont plus cette culture donc c'est difficile. Mais aucune inquiétude à avoir, la vie est un éternel recommencement et cela va revenir j'en suis persuadé.
 
Daily Rock France : C'est déjà un peu le cas il me semble non ?
 
Francis Zégut : Oui un peu c'est vrai, avec les festivals notamment. Le Hellfest affiche une insolente réussite mais pour les autres, c'est pas gagné. Ils affichent tous la même programmation. Tu vois les Chemical Brothers par ci, Skip The Use par là pour la troisième année consécutive...ça tourne un peu en rond quand même. Il y a eu au début 2 groupes qui ont permis au Pop Rock en général de faire tourner le truc, c'est Coldplay et Muse. Maintenant, ils font la même chose et ils sont rentrés dans le rang. Il n'y a plus d'idéologie dans l'histoire tu vois. C'est le business ! Mais bon, c'est la société entière qui est comme cela maintenant.
 
Daily Rock France : As-tu gardé certains contacts avec des artistes de l'époque ?
 
Francis Zégut : Alors je me suis aperçu au fur et à mesure du temps, que c'était bien d'avoir des relations. Mais pas forcément de devenir à tout prix ami. Le devenir, ça fausse toujours un peu. En tant que journaliste et animateur radio, si un album est mauvais et que tu es pote avec les mecs, tu trouves toujours des mots pour enrober le truc. Alors qu'il faut dire les choses tout simplement. Tu t'aperçois également que lorsque tout démarre, tout est formidable. Ensuite, les gens t'oublient un peu et ne se rappellent plus que tu étais présent pour leur donner un coup de main. Je dois être un peu naïf voilà tout (rires).
 
Daily Rock France : Tu as fait de la télé il a quelques années, penses-tu en refaire un jour ?
 
Francis zégut : Je ne pense pas non. Ce que je pourrais faire à la rigueur, ce sont des petites vidéos à la con histoire de se marrer, des programmes courts avec de la musique qui envoie. Enfin, si on me propose des bons plans et de bonnes idées. J'ai été ravi de faire de la téloche pour Canal + en 1988, pour MCM, pour M6 également mais quand je vois comment ça tourne. Et on ne me proposera plus maintenant de faire un truc Rock & Roll. Quand tu regardes D17 ou les autres chaines, tu regardes ce qu'ils passent en musique, y'a rien de rock & roll dans tout ça. Je n'ai plus cette ambition et je préfère faire de la radio, d'avoir des coups de cœur, de transmettre quelque chose. En ce moment avec Wango Tango, je vois revenir certains qui ont entre 40 et 50 balais et qui me disent : "Ouais, on avait 12 ans et si j'aime cette musique, c'est grâce à toi !". Tu vois pour moi, c'est la plus belle des récompenses.
 
Daily Rock France : Tu n'imaginais pas à l'époque l'impact de ton émission ?
 
Francis Zégut : Tu t'en doutes mais les gens, tu ne les vois pas. Quant tu entends ça des années plus tard, tu te dis que tu n'as pas trop mal fait ton métier. C'est très touchant en tout cas.
 
Daily Rock France : On connait tous ta facilité à sortir des phrases qui marquent et ta gouaille légendaire, n'as-tu jamais pensé à faire du One Man Show ?
 
Francis Zégut : C'est un peu trop tard maintenant (rires). Tu sais, j'ai toujours eu ça. A l'époque de Wango Tango, je rencontrais beaucoup de gens, j'allais boire des coups jusqu'à pas d'heure et on déconnait beaucoup. Sur une situation ou a un moment bien précis, tu sors un truc et puis ça reste. Tu sais, j'ai eu une vie pas très drôle lorsque j'étais gamin. La DDASS et tout le reste...je m'inventais un monde et j'écoutais la radio. C'était un abri pour moi et j'avais des images plein la tête. Lorsque j'ai présenté la maquette où je hurlais et où je disais tout un tas de conneries, je suis resté scotché que RTL me dise oui à l'époque. C'est un talent de leur part de s'être dit que cela pouvait intéresser des jeunes alors que leurs parents écoutaient les Grosses Têtes.  
 
Daily Rock France : Je te sens un peu nostalgique ?
 
Francis Zégut : Non pas nostalgique, mais métallique oui (rires). Je n'aime pas vivre dans le passé mais revenir sur cette émission et de se dire que l'on a fait un truc vraiment dingue, c'est vraiment sympa. Et nous avions une totale liberté surtout. Il n'y avait pas de presse Metal, pas d'émission de ce genre, que dalle quoi (rires). Et l'album Back In Black d'AC/DC est arrivé et BOUM ! Et tout a suivi derrière...
 
Daily Rock France : La compilation Wango Tango vient tout juste de sortir, as-tu une autre idée de coffret dans les tuyaux ?
 
Francis Zégut : Non, il y a eu déjà 3 coffrets Pop Rock Station et ça fait une trilogie. Pas envie que cela devienne une collection Altaya ou Edition Atlas (rires).
 
Daily Rock France : L'émission Une Dose 2 Metal se déplace lors du Hellfest, peut-on espérer voir une émission Pop Rock Station en direct de ce festival ?
 
Francis Zégut : Je ne pense pas non, mais cela ne va pas m'empêcher d'aller les saluer. On organisera peut-être une dédicace du coffret là-bas mais rien n'est encore fait.
 
Daily Rock France : Passons à autre chose maintenant afin d'en savoir un peu plus sur toi. Ton tout premier t-shirt musical ?
 
Francis Zégut : Alors j'ai eu plein de trucs concernant AC/DC et le tout premier était Highway To Hell en 1979. Avant, j'avais déjà bien entendu assister à pas mal de concerts mais il n'y avait pas de merchandising. Mais il y avait de la bière...mais maintenant il n'y en a plus. Ou alors, elle est à 9€ (rires). Et des t-shirts, j'en ai filé pas mal. Au bout d'un moment, tu fais le tri sinon tu te fais engueuler par maman (rires). J'avais des cartons entiers et ça fait plaisir aux gens.
 
Daily Rock France : Ton premier vinyl ?
 
Francis Zégut : Love Me Do des Beatles en 1962 ! J'avais 9 ans (il sourit).
 
Daily Rock France : Ton artiste préféré ?
 
Francis Zégut : Difficile de répondre car j'en aime tellement. AC/DC, Sigur Ros, Motörhead, Led Zeppelin...je ne peux pas m'arrêter à un nom, c'est impossible.
 
Daily Rock France : Un film culte ?
 
Francis zégut : Easy Rider ! Comme la musique, ce road movie est un élément de liberté. C'est un film qui n'a rien coûté, où il n'y avait pratiquement pas de scénario et tout se déroulait au fur et à mesure. C'était un film anticonformiste pour l'époque. Les mecs avaient des cheveux longs, roulaient en Harley et se sont fait buter à la fin.
 
Daily Rock France : Le bonheur parfait selon toi ?
 
Francis Zégut : Entre la famille, les potes, la moto, les voyages, un mélange de tout ça je pense ! Et ma fille qui apprend à jouer de la guitare...avec toujours de la musique en fond.
 
Daily Rock France : Un livre qui a changé ta vie ?
 
Francis zégut : Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway que j'ai lu lorsque je devais avoir 10 ans. J'étais passionné par la pêche à la ligne, j'ai lu ce bouquin et je me suis dit qu'un jour, je pêcherais un poisson comme dans ce livre. Et un jour, c'est arrivé. Quand j'ai commencé à bosser, j'ai mis un peu de pognon de côté et je suis parti au Sénégal, au Gabon, à l'Ile Maurice. En 1988, j'ai pêché un marlin comme indiqué par Hemingway. J'ai eu l'impression de trouver une pièce de puzzle qui manquait à ma vie. On a ramené le poisson du large et j'étais dans un état second. D'ailleurs je me le suis fait tatouer (!).
 
Daily Rock France :  Le trait de caractère dont tu es le plus fier ?
 
Francis Zégut : Je suis curieux. De la vie, des personnes, de la musique...il y a du bon partout et j'aime faire confiance aux gens la première fois même si je me suis fait souvent avoir.
 
Daily Rock France : Le défaut qui t'inspire le plus d'indulgence ?
 
Francis Zégut : Alors je prends la question à l'envers. Il y a un défaut sur lequel je ne peux pas passer, c'est l'ingratitude. Le gens qui ne savent pas dire merci, ça je ne supporte pas.
 
Daily Rock France : Ta qualité préférée chez une femme ?
 
Francis Zégut : Qu'elle se taise (il éclate de rire). Je plaisante bien sur ! Le but c'est d'être complémentaire. On peut être totalement différent et puis tout s'emboite. Le principal, c'est l'amour qu'il y a entre deux êtres. Chacun amène sa personnalité et puis voilà. Je suis en couple depuis 20 ans, je fais du bruit avec ma moto, je laisse trainer mes chaussettes et à bientôt 62 ans, c'est l'occasion de s'envoyer quelques vannes.
 
 
 
 
 
Remerciements à Francis Zégut, RTL / RTL2, Olivier Garnier, Roger Wessier (Replica promotion) et à Daily Rock.
 
 

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